TERRAIN VAGUE
ODYSSÉE DAO
5 octobre - 3 novembre 2019
Vernissage : jeudi 10 octobre à partir de 18:00
« Cette installation ne questionne pas seulement particulièrement le plastique, mais l’ensemble des problèmes liés à l’eau et à
la vie terrestre » - Odyssée Dao
L’installation d’Odyssée Dao « Terrain vague » évoque une dérive absurde de notre relation à la consommation et à celle de l’eau en particulier. En effet, ces sachets plastiques (sources problématiques de déchets) nous promettent ni plus, ni moins… la mer.
Sous forme de kit do it yourself avec renfort marketing d’une image et d’un titre avec un jeu de mots « O2Mer », ces sachets normalement industrialisés et vendus au poids sont détournés par l’artiste pour nous faire réfléchir aux promesses et aux paradoxes de notre temps consumériste.
Il y a dans cette vague de sel, cet océan de potentiel marin, une ironie poétique, un constat d’impuissance et de légèreté. Ce travail peut s’apparenter à la mouvance DADA qui dans son manifeste affirmait (entre autres) : « Nous ne sommes pas assez naïfs pour croire dans le progrès. Nous ne nous occupons, avec amusement, que de l’aujourd’hui. Nous voulons être des mystiques du détail, des taraudeurs et des clairvoyants… »
L’installation étincelle, elle séduit par ses effets de lumière et son intégration tentaculaire à l’espace, et en même temps elle nous glace par l’atrocité qu’elle pourrait suggérer.
Un monde sans eau, où il ne subsisterait qu’une notice/un mode d’emploi de l’élément.
L’idée de la mer, mais plus de matière première.
Cette proposition vacille entre urgence écologique, poésie et absurdité.
A proximité du « Terrain vague » se trouvent trois grandes peintures, « La disparition du pigeon en trois étapes » qui représentent un pigeon qui semble passer le « test du miroir ». Nous sommes dans un système de représentation bien loin du réel même si le style de la peinture est réaliste. En effet, le reflet de l’oiseau disparaît, où est-ce la conscience de celui-ci qui s’efface ?
Ce triptyque évoque un mouvement mental qui pourrait se lire dans les deux sens : une disparition ou une apparition. La proie et l’ombre. Lorsque l’objet disparaît l’image resurgit, lorsque l’image apparaît, le pigeon se questionne ou plutôt nous renvoie, nous, spectateur, à réfléchir à ce qui est ou pourrait être. Le pigeon, cet animal que l’on aime détester, que l’on oublie de regarder parce qu’il nous semble si commun, nous apparaît immense et sacralisé sur la toile, l’artiste nous oblige à le voir, à nous identifier même, à cet oiseau finalement très beau et si banal, comme nous… peut-être.
Il y a aussi de l’absurde dans cette transposition, l’oiseau est beaucoup trop grand, le reflet est peint, il pourrait être son fantôme ou son double, l’illusion est visible. Dans ce choix du modèle, il y a cette idée que le sujet peut être manipulé, par le regard ou l’artiste, c’est comme un cobaye de nos croyances et de nos dérives que l’on soumet à un test de conscience, de conscience de soi.
Virginie Otth